Unaufhaltsamer Vormarsch der kommunistischen Truppen. Katastrophale Wirtschaftslage aufgrund des Krieges, des Embargos und der Überschwemmungen. Kommunistisches Programm: Vor einer allgemeinen Nationalisierung sollte auf die wirtschaftliche Kooperation mit dem Ausland zurückgegriffen werden. Die Kommunisten sind von der Anerkennung durch ausländische Regierungen überzeugt, damit deren Interessen in China weiterhin erhalten bleiben. Einstellung der ausländischen Diplomaten zur Frage der Anerkennung der kommunistischen Regierung.
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 18, doc. 4
volume linkZürich/Locarno/Genève 2001
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2001E#1967/113#10210* | |
Old classification | CH-BAR E 2001(E)1967/113 520 | |
Dossier title | Bürgerkrieg in China und kommunistische Umwälzungen (1949–1951) | |
File reference archive | B.73.1 • Additional component: China |
dodis.ch/4200
Avant de faire partir ma dernière lettre, je saisis encore l’occasion de la compléter par quelques lignes. Hier a eu lieu chez l’Amb[assadeur d’Amérique2 une petite conférence au cours de laquelle il a fait ses adieux aux chefs de mission. Il partira probablement la semaine prochaine, si les communistes ne lui mettent pas des bâtons dans les roues au dernier moment. Evidemment, si l’avion de l’attaché de l’air ne s’était trouvé bloqué à Nankin par la libération, ce départ serait actuellement matériellement impossible.
Au cours de la conférence d’hier, j’ai entendu la plupart des chefs de mission exprimer leur opinion sur la situation. Comme je ne puis faire rapport au Département sur toutes ces questions, je crois utile de vous faire part de ces quelques considérations. Je m’en remets à vous, si vous le jugez nécessaire, de les transmettre à Berne de la façon qui vous paraîtra la plus appropriée.
I. Situation actuelle. Un leader communiste la définissait dernièrement ainsi dans une conférence: Militairement, il n’y a pas de question, politiquement non plus; dans le domaine économique en revanche, grosses difficultés. C’est un fait que, jusqu’à présent, les armées nationalistes ont fondu devant les troupes communistes. Depuis 2 mois cependant, ces dernières sont arrêtées dans le Honan et le Kiangsi, par les inondations disent les uns, par les difficultés de ravitaillement disent les autres. Il y a aussi quelques petites révoltes de généraux aux arrières dont on parle moins. Bref, la marche foudroyante sur Canton n’a pas encore repris. Cela fait mauvaise impression sur le peuple quoique l’issue ne soit pas douteuse. Politiquement, il y a aussi quelques problèmes. Le PPC3 se réunira à Pékin en août. Le gouvernement sera peut-être créé en septembre ou en octobre, soi-disant avec participation de tous les partis; en réalité de la façon dont a été constitué le dernier gouvernement du Kuomintang, que vous connaissez bien. Alors se posera la question de la reconnaissance sur laquelle je reviendrai.
Economiquement la situation est très grave. Les communistes, heureux de tout le gâchis commis par le Kmgt4 dans ce domaine, des ruines de la guerre civile et [sic] réalisent pleinement leur incapacité à résoudre des problèmes qui les dépassent. Ajoutez à cela qu’ils ne peuvent guère compter pour le moment sur l’aide étrangère, que le blocus du Kmgt est pour eux catastrophique et que les éléments eux-mêmes sont contre eux. Au sud du Yangtsé, les pluies torrentielles ont causé des inondations presque aussi graves qu’en 1931. Une partie de la nouvelle récolte de riz a pourri sur place. C’est la famine à brève échéance. Dans le Nord, au contraire, c’est la sécheresse qui fait des ravages avec les mêmes conséquences. Si les perspectives sont mauvaises pour l’agriculture, elles ne sont pas meilleures dans l’industrie qui commence à manquer de matières premières importées et l’agitation sociale encouragée par les communistes ne favorise guère la production.
II. Les plans communistes. Les communistes réalisent fort bien ces difficultés. Tous les jours, la presse avertit la population qu’elle doit s’attendre à passer par de graves privations jusqu’à ce que la crise puisse être surmontée par l’augmentation de la production. C’est là le refrain de la propagande communiste. En attendant, la population commence à se lasser de ces éternelles épreuves, mais vu l’absence de toute opposition organisée au régime actuel, les plus désillusionnés font le poing dans leur poche, sachant ce qui les attend s’ils témoignent ouvertement leur mécontentement.
Le programme communiste a été exposé tout au long dans le dernier article de Mao Tsé Tung5 au début de ce mois. Je l’ai envoyé à Berne par Moscou, mais le recevront-ils?6 Il est capital. Peut-être la presse anglaise l’a-t-elle reproduit. Les dirigeants communistes séparent le plan politique du plan économique. Politiquement, ils sont décidés à aller de l’avant conformément à la doctrine communiste la plus pure et la plus rigide: aucun compromis avec l’étranger, liquidation systématique de toute opposition à l’intérieur etc… selon les méthodes bien connues. En revanche sur le plan économique, Mao Tsé Tung reconnaît la nécessité d’une collaboration étrangère. Il est facile de lire entre les lignes ce que cela signifie: utiliser à fond la technique et les capitaux étrangers, en misant sur la crainte qu’ont les étrangers de perdre tout ce qu’ils ont engagé en Chine; puis, le jour où l’on croira n’avoir plus besoin de cet appoint étranger, nationalisations, confiscations et réquisitions seront à l’ordre du jour. D’ailleurs, cela n’est pas nouveau; il est d’autant plus étonnant qu’on se laisse toujours prendre à ce piège.
III. La reconnaissance par l’étranger. Les communistes n’ont fait aucun mystère de leurs intentions trop brièvement schématisées ci-dessus. C’est sur cette base qu’ils entendent nouer des relations avec l’étranger. Ils sont persuadés qu’ils n’auront pas de grandes difficultés à le faire, tablant sur la crainte manifestée ouvertement par les grandes puissances de devoir renoncer à tous les intérêts en Chine. Cela explique l’insolence de leur propagande violemment anti-étrangère et leur attitude grossièrement discourtoise à l’égard des représentants des pays étrangers. La situation est actuellement telle que nul étranger n’est à l’abri de leurs violences. Un vice-consul américain [à Shanghaï7 a été battu comme plâtre et a été relâché après 3 jours de prison et après avoir signé sous contrainte une lettre d’excuse honteuse. Beaucoup d’étrangers ont dû passer par là et la même chose pourrait arriver à Mr. Meyrier8 lui-même s’il avait un peu de malchance (je m’empresse de dire que depuis la libération il ne sort pas de chez lui, précisément pour éviter un incident de cette nature). Avec une mauvaise foi complète, une indifférence totale des procédés qu’ils emploient et des agents provocateurs partout, il est évident que les communistes tiennent bien le pays et qu’il ne s’agit pas de plaisanter. La presse à elle seule est un chef-d’œuvre de déformation et d’ignominie. J’insiste là-dessus car il convient de bien se rendre compte que nous avons à faire à des gens généralement honnêtes, quelquefois sincères et toujours totalement dénués de scrupules. Ils sont donc très forts et la plus grande erreur serait de les sous-estimer comme l’ont fait les nationalistes et les Américains.
Quelle est la réaction des ambassadeurs et ministres étrangers devant cette situation? A vrai dire, ils ne s’attendaient pas à ce que cela fût si mauvais et sont plutôt désemparés. M. Meyrier exposait hier son point de vue personnel qui est aussi, semble-t-il, celui des représentants des pays signataires du Pacte de l’Atlantique. Il est d’avis qu’il est tout-à-fait vain, inutile de refuser ou de retarder indéfiniment la reconnaissance du nouveau régime. Cela ne pourrait qu’avoir de fâcheux résultats car toute opposition active ou passive exaspère les communistes et les encourage à se livrer à des représailles contre les étrangers. Mieux vaudrait, selon lui, les reconnaître rapidement, inconditionnellement, ce qui n’engage à rien et permettrait peut-être de sauver quelque chose. Cela n’empêcherait nullement d’autre part, de les étrangler économiquement si la possibilité s’en présente. Autrement dit, si l’on voulait arrêter les communistes le seul moyen était de leur faire la guerre. Puisque cela n’entre pas en ligne de compte, mieux vaut reconnaître au plus vite un état de fait pour limiter les dégâts. Ce point de vue me paraît raisonnable. Je ne connais pas celui des Américains. Il est certain en tout cas que le refus de les reconnaître ne découragera nullement les communistes. Ils n’en deviendront que plus enragés. Ils sont décidés, d’autre part, à se serrer la ceinture jusqu’au dernier cran si on les menace de sanctions économiques. Ce sont des fanatiques et ils n’auront aucune objection à laisser mourir la moitié de la population pour démontrer qu’ils ont raison.
Je dois malheureusement m’arrêter car cette lettre devient trop longue. Ne pouvant confier au pilote de cet avion qu’une ou deux lettres privées, j’ai pensé vous adresser à vous, Monsieur le Ministre, ce bref rapport bien mal composé car le temps me manque. Nous vous considérons encore, malgré tout, comme notre Ministre à Nankin9 et tout ce qui concerne ce pays vous intéresse, je le sais plus que n’importe qui d’autre.
P. S. Je vous ai envoyé en mai 2 lettres et 3 brochures en chinois. Avez-vous reçu tout cela? Peut-être vous serait-il possible, lorsque vous recevrez cette lettre de me le confirmer par l’entremise de l’Ambassade d’Angleterre. Les Anglais le font très volontiers.
- 1
- Lettre: E 2001(E)1967/113/520. J.- P.Jéquier envoie cette lettre à H. de Torrenté, qui a été Ministre de Suisse en Chine de 1945 à 1948, et n’a pas été remplacé vu la situation troublée en Chine. H. de Torrenté envoie cette lettre à A. Zehnder le 23 août 1949.↩
- 2
- John Leighton Stuart, cf. DDS, vol. 17, doc. 59, dodis.ch/3744, note 2.↩
- 3
- Il s’agit probablement du People’s Political Consultative Conference (PPCC) qui s’ouvre le 21 septembre à Pékin.↩
- 4
- Kuomintang.↩
- 5
- Il s’agit probablement des extraits d’un article de Mao Tsé-tung de 1949 La Révolution chinoise et le Parti communiste chinois et du résumé d’un article de Li Li-san, viceprésident de la Fédération du Travail, du 14 mai 1949, auxquelles J.- P.Jéquier dédie son rapport du 16 mai 1949: La doctrine de Mao Tsé-tung et son application actuelle. Non reproduit. Cf. aussi le rapport du Consul général de Suisse à Shanghaï du 14 juillet 1949. Non reproduit.↩
- 6
- Note en marge de A. Zehnder: oui! 24. 8.↩
- 7
- Il s’agit de William Olive, cf. le rapport du Consul général de Suisse à Shanghaï du 15 juillet 1949. Non reproduit. Sur le traitement des étrangers en Chine et la position américaine, cf. le rapport de la Légation de Suisse à Washington du 16 août 1949. Non reproduit.↩
- 8
- Il s’agit de l’Ambassadeur de France.↩
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