J’ai bien reçu votre lettre du 19 avril2 concernant la revue «Schweiz-Sowjetunion».
Notre situation à l’égard de la Russie s’est sensiblement modifiée depuis que le Département politique a donné son préavis favorable du 28 mars3. Les considérations de politique étrangère qui paraissaient justifier une décision affirmative me semblent ne plus exister aujourd’hui, notamment en raison des attaques aggravées dont notre pays est l’objet de la part de la presse et de la radio russes, ainsi que de l’arrestation et de la disparition de deux agents de notre Légation de Budapest4 et des brimades de toute espèce dont nos compatriotes en Hongrie ont été récemment l’objet. D’autre part, le résultat favorable des négociations avec les Alliés dont on pouvait espérer le mois dernier qu’il améliorerait la situation, paraît au contraire l’avoir aggravée.
Il y a d’autres raisons, que je me permettrai de développer devant le Conseil fédéral lorsque cette question sera examinée, qui justifient que la situation soit reconsidérée.
Je ne proposerai pas de repousser la demande, mais de suspendre toute décision du Conseil fédéral pour un temps indéterminé pendant lequel la revue «Schweiz-Sowjetunion» ne pourrait être publiée que dans les limites actuelles.