dodis.ch/46054 Le Chef du Département politique, G. Motta, au Ministre de Suisse à Rome, G. Wagnière1

Nous avons eu l’honneur de recevoir vos lettres des 27 juin et 3 juillet2 concernant les publications irrédentistes à l’égard du Tessin qui se multiplient depuis quelque temps en Italie de façon assez alarmante. Nous en avons pris connaissance avec un très grand intérêt et nous vous en remercions vivement.

Nous partageons entièrement votre impression que cette affaire en est arrivée à un point où une nouvelle démarche de votre part auprès du Chef du Gouvernement italien devient extrêmement désirable.

Un fait nouveau nous empêche, toutefois, de vous donner, en vue de cette conversation, des instructions tout à fait précises. Ce fait est le suivant: le 3 juillet, M. Colombi est rentré d’Italie par Chiasso et la révision de ses bagages a démontré qu’il était porteur d’un matériel de propagande irrédentiste d’une certaine ampleur. La police tessinoise l’a immédiatement soumis à un interrogatoire détaillé, à la suite duquel une perquisition a été pratiquée à son domicile. Cette perquisition a donné, nous dit-on, un résultat intéressant, mais l’enquête est encore en cours et nous n’en connaissons pas les résultats.

Vous estimerez sans doute avec nous que votre entretien avec M. Mussolini manquerait son but s’il n’utilisait pas les renseignements que l’enquête au sujet ue l’affaire Colombi nous apportera et que nous vous communiquerons aussitôt qu’ils nous seront parvenus. Sauf révélations tout à fait inattendues, il n’y a sans doute aucune urgence spéciale à agir auprès du Chef du Gouvernement italien. Il est beaucoup plus important que votre conversation porte sur l’ensemble des manœuvres dont le caractère inadmissible et irritant ne saurait guère être contesté.

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Lettre: E 2200 Rom 22/5. Paraphe: GD.
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Non reproduit.