[dodis.ch/42465](https://dodis.ch/42465)Le Ministre de Suisse à Paris, Ch. Lardy, au chef du Département des Affaires étrangères, N. DrozRapport politique: E 2/2313. 10881Paris,2 juin 1891Le Cte Münster, auquel j’ai fait part de la question posée par M. le Colonel Frey et transmise dans votre office du 29 maiNon reproduit., m’a envoyé son collaborateur militaire M. Süsskind, dont vous trouverez les explications dans la note cijointeNon reproduit.; j’ai essayé de les résumer de mon mieux.
L’Ambassadeur d’Allemagne considère la situation actuelle comme encore plus résolument pacifique qu’il y a quinze jours, à cause de l’attitude prise par la Russie envers les Juifs. La maison Rothschild est complètement retournée, et la presse française, qui compte, comme le parlement français, un grand nombre d’Israélites, va commencer à battre froid pour la Russie. Les Rothschild avaient donné 2 millions au Grand-duc Wladimir et avaient reçu en échange les pétroles de la Mer Noire; en revanche, ils avaient entrepris les grandes conversions de la dette russe, comme aussi le placement en France de grandes masses de fonds russes. Actuellement les Rothschild déclarent que c’est fini, et que, voulussentils remonter le courant, leurs correligionnaires du monde entier les en empêcheraient.
L’Allemagne s’attend donc à un assez grand refroidissement dans la presse française et dans l’opinion française à l’égard de l’alliance russe; pour compenser ces impressions, M. Ribot envoie 12 navires français à Cronstadt, mais cette compensation ne sera pas suffisante pour contrebalancer l’influence de la haute juiverie. Tels sont les motifs qui engagent très nettement l’Ambassadeur d’Allemagne à considérer la situation comme entièrement pacifique, étant donné que, selon lui, l’Allemagne et ses alliés sont absolument pacifiques. Relata refero.